C'est en convoquant la commission d'Appel d'offres qu' Arnaud TAUZIN est obligé de dévoiler son projet jusque-là gardé secret de créer un camping de luxe intégrant d'importantes installations municipales; la commission qui est obligatoirement ouverte à l'opposition se réunira donc en plein milieu des Fêtes de la St-Jean, mardi 26 juin au matin pour étudier les offres des candidats! C'est Olivier MARTINEZ destinataire de cette convocation et des pièces jointes qui a donc pu révéler le dossier hier soir sur sa page facebook.
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Le futur exploitant disposerait notamment du club-house, de la piscine, du beach, de la maison des coquelets et des tennis... |
Ce projet n'aurait donc été débattu nullepart, ni en Conseil Municipal - cela c'est une certitude - mais pas non plus dans une quelconque commission affirme l'opposition. Plus inquiétant, la Loi obligeant l'exécutif à convoquer la commission d'appel d'offres pour certains marchés, celle-ci a été programmée non seulement en semaine, un mardi, mais le 26 juin prochain, donc en plein dans les fêtes de la St-Jean et qui plus est à un horaire qui laisse peu de doutes sur l'impossibilité qu'auront notamment les élus de l'opposition à s'y rendre, contrairement à des élus de la majorité sans doute au courant depuis longtemps et déjà mobilisés pour les festivités. Bien entendu cette commission, comme toutes les commissions se réunit à huis clos. C'est même un simple email daté du 18 juin qui a été envoyé aux membres de ladite commission.
La méthode du Maire a donc été dévoilée par la même occasion: elle a consisté à "réunir un comité 'd'experts', composé de quelques élus de la majorité et de son directeur de cabinet, pour auditionner des candidats à la reprise du camping municipal de Saint-Sever suite à la parution d’un appel à candidature lancé le 17 avril dernier". A ce stade, l'opposition municipale affirme donc qu'elle n'était pas invitée à ce tour de table. Et selon Olivier MARTINEZ, vent debout sur la forme et sur le fond de cette affaire, le projet joint à la convocation porte pourtant tous les éléments d'une "grande braderie du service public".
L'enjeu semble en effet de taille: cette commission d'élus est donc censée étudier mardi prochain - dans les conditions visées ci-dessus - les offres des différents candidats à l’exploitation du camping municipal dont l'un d'eux sera le nouveau prestataire à compter du 1er janvier 2019, mais cette fois-ci pour 20 ans! Mais ce n'est pas le seul enjeu: le projet autoriserait le futur exploitant a "gérer l’équipement de façon LIBRE" et notamment - selon les termes de l’article 3-2 «projet d’exploitation» (pages 19 et 20) de l’appel à projets:
- d' intégrer la « Maison des Coquelets » dans leur projet pour en faire la maison d’habitation du gardien du camping (alors que ce bâtiment accueille les jeunes pousses du rugby depuis plusieurs années),
- de créer une aire de camping-car en lieu et place de celle située en centre-ville,
- de créer une activité nautique sur l’Adour ou favoriser un partenariat avec la SCKAN,
- de privatiser le parcours de santé,
- de prendre en gestion la piscine municipale,
- de prendre en gestion les terrains de tennis,
- de prendre en gestion le terrain de beach,
- d’intégrer le club-house comme salle d’activités, de réunions et de séminaires.
Les contre-parties pour la commune seraient une redevance prévisionnelle de 2.500 € par an les 2 premières années et de 5.000 € par an les 3 années suivantes. Soit 20.000 € de recettes pour la ville pour les 5 prochaines années, donc 333 € par mois seulement !
Et le Conseiller Départemental de poser la question tout en connaissant la réponse et d'alerter sur ces dérives: "tous les dirigeants de ces sections sportives ont-ils été informés par M. Tauzin?" Et de prévenir: "Le risque est réel de se voir interdire l’accès à tous ces services publics. Nous serons tributaires d’un hypothétique accord entre le Maire et le futur exploitant pour pouvoir utiliser des infrastructures payées par nos impôts locaux. Le futur exploitant, dont on peut penser qu'il mettra en œuvre son propre programme d'animations, sera-t-il enclin à modifier celui-ci pour rétrocéder gratuitement l'utilisation des installations aux associations saint-séverines qui en feront la demande?"
La méthode du Maire est regrettable sur la forme et sur le fond car le débat - qu'on soit pour ou contre - aurait dû être public, préalable et transparent, et pas se décider encore une fois dans les huis-clos d'une poignée d'élus de sa majorité pour proposer ensuite lors d'un prochain Conseil de l'autoriser à signer une Convention déjà toute ficelée avec un prestataire déjà tout désigné lors d'un vote sans surprise et favorable de ses conseillers déjà tous bien alignés! - O. MARTIN